Manifestation d’agriculteurs devant le siège de l’INRAE
Communiqué des élu.es sur une profession de foi soutenue par la CGT au Conseil Scientifique de l’INRAE
Ce jeudi matin, un groupe de militants FNSEA a érigé un mur de parpaings devant l’entrée du siège parisien de l’INRAE, rue de l’Université, pour dénoncer l’abandon, selon eux, de la recherche de solutions pour le progrès agricole, au profit d’une orientation de notre organisme qui serait tournée vers la « décroissance » et « l’accumulation de freins à la production ».
Les élu.es sur une profession de foi soutenue par la CGT au Conseil Scientifique de l’INRAE tiennent à dénoncer cette opération. La FNSEA, qui n’en est pas à son coup d’essai en la matière, s’attaque encore au service public de la recherche, et cette fois même à son financement public. Elle ne dénonce en rien le laisser-faire gouvernemental et privé qui génère partout dérégulation et désinvestissements massifs de la part de géants économiques. Que ce soit dans l’agriculture, dans les activités d’agro-ressources, d’agro-alimentaires ou de distribution… on ne compte plus les annonces de licenciements ou d’abandon de producteurs par les industries d’aval. Hypocrisie suprême : dans les instances de l’INRAE où la FNSEA est représentée comme le Conseil d’Administration, ses membres FNSEA ont toujours approuvé les orientations de la Direction Générale qui relevaient de ces logiques !
Dans un communiqué de presse, le PDG de l’INRAE évoque la crise que vivent les agriculteurs et les tensions qui en résultent. Pour autant, comme nous le dénonçons dans le texte d’orientation voté à notre dernier congrès, les orientations de l’INRAE prennent, selon nous, insuffisamment en compte la vertigineuse chute du nombre d’exploitations agricoles. Réduction décidée au nom d’une compétitivité économique nuisible à l’emploi. Sachant l’attachement des exploitants agricoles à fournir des produits de qualité en respectant leur environnement, nous savons leurs attentes en termes techniques et de système de production. Mais seule une remise en cause de la domination croissante du système capitaliste sur ce secteur permettra aux agriculteurs de se faire acteurs de la révolution agricole que chacun sait nécessaire. L’INRAE peut contribuer à éclairer et accompagner ce mouvement, et les travailleurs de la recherche agronomique sont prêts à cet engagement.
Il ne sert donc à rien de casser le thermomètre et alimenter le déni envers la Science : réduire l’usage des pesticides, des engrais de synthèse et des énergies fossiles est une nécessité vitale pour sauvegarder à long terme nos exploitations agricoles comme la santé des agriculteurs et celle de la population qui consomme leurs produits. Or les connaissances sur les modes de productions, aux plans économiques et techniques, sont encore insuffisantes pour assurer une transition au service de l’humanité, tout en préservant les ressources naturelles et la biodiversité. Rien ne saurait remplacer la démarche scientifique pour articuler les différentes composantes des systèmes agraires de demain.
Le budget de l’INRAE ne sert plus aujourd’hui qu’à payer les salaires et une partie des dépenses courantes. Pour conduire leurs recherches, ce sont les agents eux- mêmes qui doivent perdre un temps fou à des appels d’offre pilotés au profit de lobbies extérieurs à l’organisme. Au lieu de dénoncer les moyens publics de l’institut, il conviendrait au contraire de redonner aux équipes de l’INRAE les réels moyens de travailler en toute indépendance, de s’organiser entre elles, dans les départements de recherche et dans les centres et avec les équipes universitaires des autres organismes français et étrangers. Cela permettra de répondre scientifiquement aux défis de l’alimentation saine des populations, de l’harmonie entre les territoires ruraux et urbains, des adaptations à court et long terme au changement climatique et de l’appauvrissement de la biodiversité.
Seul un INRAE à 100 % public et indépendant de tous les lobbies pourra répondre aux attentes des producteurs et des populations qu’ils nourrissent.