ICEBERG 1 – TITANIC 0

, par  Secrétariat BL , popularité : 16%

Déclaration liminaire de la CGT au CA de l’INRAE - 13 octobre 2025
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La situation politique de notre pays devient chaque jour de plus en plus folle. Emmanuel Macron semble ne pas comprendre que son choix, il y a un an, de refuser le résultat des élections législatives a conduit la France dans une voie sans issue.
Maintenant le roi est seul, le roi est nu, mais il continue d’agiter son sceptre.
Mickaël Zemmour disait il y a quelques jours « Si sur le Titanic on avait gardé le même cap et changé 4 fois de capitaine peut-être que l’iceberg aurait fini par se pousser ? On ne sait pas… »
Malheureusement si, on le sait, le score final du match sera sans ambiguïté : Iceberg 1 Titanic 0. Mais pourvu qu’il sauve sa présence à l’Elysée, Emmanuel Macron accepte le naufrage des Français, alors que l’extrême droite attend en embuscade.
L’histoire jugera.

La folie de continuer à refuser l’abrogation pure et simple de la contre-réforme des retraites, que demandent des millions de concitoyens.

La folie c’est de croire que la politique de l’offre et son prétendu ruissellement, privant de milliards le budget de l’état pour des politiques ambitieuses dans tous les domaines de la vie des français n’allait pas simplement se traduire par une ponction sur l’économie du pays pour remplir les poches des ultra riches.

La folie c’est de persévérer en demandant aux français de payer maintenant une dette qu’ils n’ont pas créée ! D’un côté on verse, en 2023, 211 milliards d’aide aux entreprises sans contrepartie, de l’autre on s’attaque au portefeuille des français les plus fragiles (chômeurs, malades, retraités) et à celui de travailleurs de plus en plus pauvres (blocage du point d’indice, jours de carence, arrêt maladie à 90% IJ).

La recherche publique n’échappe pas à cette folie. Même la commission européenne, dans son dernier rapport de juillet 2025 (rapport CE) note le sous-investissement dans la R&D publique de la France. Sans surprise, les promesses de la LPR de 2020 (Loi de programmation pluriannuelle de la recherche) sur l’emploi et l’attractivité des métiers et sur le financement de la recherche n’ont pas été tenues. Ce budget de l’INRAE en témoigne :
 solde prévisionnel à -17M€,
 effectifs financés directement par l’Etat (emplois sous plafond) en baisse de 1% depuis 2020 touchant particulièrement titulaires avec -3,7% malgré la fusion avec IRSTE c’est 308 postes en moins (bilan sociaux 2020 et effectifs indiqué dans le BR1 2025),
 en corollaire, explosion de l’emploi contractuel mal rémunéré et peu protégé : +12 points en 5 ans passant de 26 à 38% des effectifs titulaires, on atteint 3053 postes d’emplois précaires,
 absence d’attractivité : conditions de travail dégradées, carrières bloquées, « smicardisation » des titulaires en début de carrière, et salaire bloqués pour tout le monde,
 financement de la recherche insuffisant et soumis à pression de sélection.

La folie c’est de croire que seule la recherche issue de la course aux financements est porteuse de progrès et d’innovation. Que l’excellence ne puisse émerger que d’un état de compétition permanant… C’est ce qui conduit à la précarité, à la perte de sens et au mal être des collègues au travail.

Comment alors à l’approche de la clôture budgétaire passer sous silence le fiasco SIFAC, dont, comme c’est le cas à l’INSERM, une direction déconnectée du travail réel n’a de cesse de dissimuler et relativiser les difficultés d’une mise en place qui suit les mêmes écueils que GEFI 2.0 pointés dans le rapport Gillet, avec en première ligne des gestionnaires en souffrance, en proie à de multiples injonctions contradictoires, mis à la fois en position de travail empêché et en surcharge de travail.

Nous réitérons l’appel auprès des personnels qu’aucune facture, aucune prime ne mérite que notre santé soit mise en danger et nous demandons à la direction générale de prendre ses responsabilités et fournir un outil qui tient compte du travail réel des gestionnaires !

Le remède à cette folie c’est un institut 100% public, indépendant des lobbys et au service de l’humain d’abord par un financement pérenne de la recherche à hauteur des besoins et à minima à 20 k€/agent/an, hors fluides, et avec des personnels titulaires garanti et bien payés, notamment par la transformation d’emplois contractuels sur fonctions pérennes.

Et pour finir alors qu’à Gaza les armes semblent s’être enfin tues et qu’un semblant d’espoir paraît possible, la folie, c’est pour l’INRAE de s’impliquer, avec l’Institut Weizmann de science, lié à l’armée israélienne, dans le projet européen HORIZON, PRO-WILD, qui vise à protéger et à conserver les espèces sauvages apparentées aux cultures « CWR » de blé, de betterave sucrière et de colza, à la fois dans leurs habitats naturels et dans des banques de gènes. Alors que, fin juillet 2025, à Hébron, l’armée israélienne a détruit les collections de ressources génétiques de diverses espèces d’intérêt majeur pour l’économie agricole palestinienne, conservées par l’Union of Agricultural Work Committees (UAWC), syndicat agricole palestinien opérant sur l’ensemble du territoire de Gaza et de Cis-Jordanie, nous demandons que l’INRAE rompe au plus vite ces relations avec cet Institut

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